L'Antarctique en février 2012

Chapitre 8 page 12.

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Une croisière aventure en Antarctique ou
un Manchot normand chez ses cousins des terres australes
du 10 février 2012 au 9 mars 2012.

Introduction


L"image 1 montre une vue générale de la croisière en Antarctique programmée sur 5 semaines.
1. Embarquement à Ushuaia sur Vailhéré, descente du canal de Beagle jusqu'à l'est du Cal Horn environ 62 milles. partie haute à gauche de l'image 1 ou image 2.
2. Traversée du Drake entre le Horn et les Iles Melchior environ 513 milles. Navigation délicate.
3. Navigation entre la péninsule Antarctique et les îles. Distance entre les mouillages nord et sud: Enterprise et Verdnadky, environ 72 milles. partie en bas à droite de l'image 1 ou image 3.
4. Retraversée du Drake entre les Iles Melchior et le Horn.
5. Retour par le Beagle à Ushuaia.


Si l’Antarctique semble la région du bout du monde la plus inhospitalière de la planète, elle est la contrée la plus fascinante, avec sa riche faune incroyablement accessible et ses paysages irréels. Vidéo sur les manchots en Antarctique sur l'île Booth près du port Charcot en février 2012.


Ce récit vous est proposé en deux parties :

  1. La première, le carnet de voyage à partir des notes prises à bord.

  2. La seconde, un débriefing. Des émotions, un ressenti et des réactions écrites pendant le vol aérien retour.

Présentation du skipper et de son voilier.

Nous avons fait cette croisière en Antarctique à partir d’Ushuaia sur la goélette d’Eric Dupuis.
Eric est le skipper et propriétaire de Vaïhéré. Originaire de la Manche, j’ai connu Eric très jeune et il a fait sa première croisière sur mon voilier avec ses parents à partir de Granville. Il s’en souvient encore. Sa gentillesse et son professionnalisme nous ont permis de faire une croisière formidable. Il possède une goélette faite pour l’Antarctique
Vaïhéré, goélette en acier de 23, 90m, déplacement, 50 tonnes, voilure au près, 322m², motorisation, 2 x 150 cv Nanni, pilote automatique, chauffage central, carré panoramique et 5 cabines doubles pouvant accueillir 10  équipiers.
Un aperçu de Vaïhéré : lien

Carte générale de notre navigation entre l’ile Brabant et l’ile argentine.

Navigation entre la péninsule Antarctique et les îles situées à l’ouest, en particulier l’île de Brabant et l’île Anvers, dans la partie centrale de la péninsule.
Les deux flèches noires marquent nos points d’arrivée et de sorte dans la baie de Dallmann entre l’ile Brabant à bâbord et à tribord l’île Anvers avec le mont Français.
Les mouillages sont signalés par des cercles couleur bleue comme leurs noms.
Premier et sixième mouillage : mouillage Melchior.
Le mouillage utilisé se situe dans les îles Melchior au milieu de la baie de Dallmann près de la base chilienne sur l’île Gamma..
Deuxième mouillage : Port Lockroy. Ancien port baleinier derrière l’île Anvers et sur île Wiencke dans le chenal Neumayer.
Troisième mouillage : Pléneau. Sur l’île Pléneau à côté de l’île Hovgaard près du port Charcot sur l’île Booth
Quatrième mouillage : Vernadsky. Dans les îles Argentine au sud de la zone.
Cinquième mouillage : Enterprise. Sur l’île Enterprise, au nord du chenal Gerlache, le long de la péninsule sur l’île Nansen. Amarrage le long d’une épave de navire.
La péninsule Antarctique est la partie nord-ouest du continent, située entre la mer de Weddell à l’est et à l’ouest les îles des Shetland du sud et l’archipel de Palmer (donc l’île de Brabant et l’île Anvers)

1. Le carnet de voyage

1. 1 Vendredi 10 février 2012
A 19h, mon fils me conduit à l’aéroport. Nous prenons l’A 86 et A3 vers Roissy. F.. me téléphone après l’enregistrement et nous retrouvons après les contrôles de police. Décollage à 24 h pour 23h20.

1. 2 Samedi 11 février 2012
Atterrissage sur l’aéroport de Pistarini Eze à Buenos Aires. Nous changeons nos montres que nous reculons de 4 heures. Nous retrouvons à la distribution des bagages trois de nos futurs équipiers sur le bateau  Les deux hommes ont déjà navigué plusieurs fois sur Vaïhéré. Nous traversons la ville en bus pour aller prendre l’autre avion des Aerolinas Argentinos sur l’aéroport Jorge Newberry situé au bord de mer.   Le trajet dure une heure en passant par le centre-ville.
Arrivée à Ushuaia vers 19 h30. Eric nous attend l’aéroport pour nous conduire au voilier. Sympathiques retrouvailles. Claude, la femme d’Eric m’attribue une couchette dans la cabine bâbord, au centre du bateau que je partage avec Se. Nous retrouvons trois équipiers qui ont pris un autre vol. Je pose mes bagages et nous allons diner au resto en faisant la connaissance de So.

1. 3 Dimanche 12 février 2012
Journée relax et rangement de mes affaires en essayant qu’il soit bien organisé pour retrouver mes affaires au bon moment. Je fais la connaissance des deux seconds d’Eric, Antoine et Nicolas

1. 4 Lundi 13 février 2012. Jour du départ.
Nous avons rendez-vous à 10h30 à la préfecture maritime pour faire les formalités de sortie d’Argentine.
Déjeuner à bord. Le vent a forci en milieu de journée, entrainant la fermeture du port. Notre départ est reporté au lendemain matin. Je reste sur le bateau et les autres vont boire une bière au café Ramos, le café incontournable des français en escale à Ushuaia.
En marchant dans Ushuaia, nous sommes surpris par les pancartes et les publicités qui déclarent Ushuaia capitale des Malouines. Les Argentins revendiquent l’annexion des îles comme territoire argentin. Ils veulent récupérer ces îles……

1. 5 Mardi 14 février 2012. Le vrai jour de départ. Ushuaia - Puerto Williams
Départ du port à 6h. Nous naviguons sous voiles pour arriver à Puerto Williams vers 11h.
A 15h, nous avons rendez-vous pour faire les papiers d’entrée au Chili dans le bureau de la marine chilienne.. Eric nous propose une ballade dans le patelin sans intérêt qui est une garnison de la marine chilienne.
Nous ne partirons que demain, le vent souffle au Horn à 45N jusqu’à demain midi. Nous apprendrons le lendemain qu’un voilier a renoncé à passer le Horn et est revenu à Porto Toro pour s’abriter.
Distance parcourue 27 milles.

1. 6 Mercredi 15 février 2012. Début du Drake.

Départ à 10h15 par beau temps. Nous naviguons dans le Beagle au moteur en passant à l’W de l’île Picton. Nous admirons la beauté des rives de ce canal. Je navigue dans cette région pour la quatrième fois et je ne me lasse pas de sa beauté.
Vers 17 h, le vent a tourné et nous pouvons naviguer sous voiles en nous appuyant avec le moteur. 55° 21 047 S et 67° 08 334 W
Vers 19h, le vent forcit à 20 25 N de NW et nous avançons 7 8 N sans moteur. Nous sommes à l’abri des îles Wollaston
21h15. Le cap Horn est visible par le travers à 12 milles.
La mer se creuse et le mal de mer fait son apparition
Eric institue des quarts de 3h avec un changement d’équipiers toutes les heures.
Je prends mon quart de 16h à 22h. Coucher à 23h.

1. 7 Jeudi 16 février 2012. Le Drake.
PI (l’autre) a oublié de me réveiller à 5h (heure de mon quart).   Je suis dans le cockpit entre 7h et 10h. La mer s’est calmée, avec 20N de vent au travers. Nous restons dans le cockpit pour  surveiller la mer et vérifier si des icebergs ou des navires ne sont pas en balade sur notre route. Le voilier avance sous pilote automatique.
Eric et ses seconds font des quarts à l’intérieur du carré en surveillant la route du voilier au radar et sur le logiciel de navigation. Ils s’occupent du contrôle des moteurs et font les manœuvres sur le pont pour envoyer ou réduire les voiles.
11h30. ScanNav affiche que notre atterrissage en Antarctique aura lieu dans deux jours et quelques heures. Cap 180° vent 20N et vitesse du voilier 8N.
Avec la gîte et la houle, les déplacements à l’intérieur et à l’extérieur doivent être assurés, c'est-à-dire de se tenir à une main courante ou un meuble. Dans le cockpit, port obligatoire du harnais automatique et de la longe.
20h. nous approchons de la zone de convergence dans laquelle la température de la mer descend  entre 0° et 1°.

1. 8 Vendredi 17 février 2012. Encore le Drake.
Cette nuit, quart de 1h à 4h du matin. Il est agrémenté d’un ciel étoilé avec une lune qui se lève à l’est. Spectacle magnifique. Le voilier avance à 8N sous génois et GV appuyé par un seul moteur. Quand le vent forcit, nous réduisons la vitesse du moteur. Cette mer  assez plate permet une vie à bord acceptable. La mer est vide. Aucun navire, aucun iceberg. Seuls les albatros nous accompagnent en planant autour du voilier. La bibliothèque du bord est riche et la lecture permet d’occuper les journées.
Nouveau quart entre 21h et 24H sous la grêle et la neige.

1. 9 Samedi 18 février 2012. Toujours le Drake et le paradis en fin de journée.

Quart de 7h à 10h. Le vent a tourné et nous sommes au près avec deux ris dans la GV et une trinquette partielle. Vent 25N 30 N Averses de neige et vers 10h le 3e ris est pris. La mer devient grosse. Beaucoup d’équipiers sont invisibles.
13h, le vent se calme et souffle de face.. 15h les voiles sont affalées et nous avançons au moteur.
Vers 16h, la péninsule Antarctique et ses îles apparaissent à l’horizon. Nous commençons à être à l’abri dans la baie de Balmann entre l‘île Brabant et l’île Anvers surmontée par le mont Français (1000m d’altitude). Notre mouillage dans l’archipel Melchior au milieu de cette baie qui sera atteinte vers 19h30.
Distance parcourue 571 milles.
A partir de ce jour, la météo va être superbe pendant les 15 jours suivants, temps ensoleillé, clair et sans vent. Le rêve pour parcourir cette région.


1. 10 Dimanche 19 février 2012. Îles Melchior.






L’après-midi, nous parcourons en zodiac les îles Melchior vers la base argentine en traversant le Harbour et le Sound. Nous sommes très bien accueillis sur la base située sur l’île Gamma.







Phoques de Weddell  tachetés







Otaries à fourrure antarctique







Manchots à jugulaire







Manchots à jugulaire








1. 11 Lundi 20 février 2012. Melchior – Port Lockroy
Départ vers 7h15. Nous observons des baleines à bosses dans la baie. Nous en sortons par le chenal Schollaert pour entrer dans celui  de Gerlache et ensuite nous embouquons le canal Neumayer à l’est de l’île Anvers pour arriver à Port Lockroy, ancien port baleinier reconverti en musée et bureau de poste. De magnifiques paysages se succèdent toute la journée.
Distance parcourue 46 milles.


Les panoramas sont grandioses
Il est impossible de transcrire sur le papier la beauté des paysages. Nous naviguons dans les chenaux entre la péninsule et les îles. Tout est sublime. Vous mélangez la beauté de la haute montagne et des côtes maritimes enneigées. Des icebergs dérivent dans les chenaux pour animer la paysage marin, des glaciers tombent des montagnes côtières (1000 m pour le mont français) pour se briser dans l’eau.


Les variations des blancs de la partie aérienne des icebergs sont infinies et remarquables. La partie submergée des icebergs prennent toutes les variations des bleus. Les formes des icebergs sont surprenantes par leurs variations.




Canal de Gerlache.








Le début du canal de Neumayer.








Mouillage à 16h et à 17h30 nous débarquons à coté de Port Lockroy pour découvrir une colonie de manchots papou. Nous ne devons pas approcher les animaux à moins de 5 mètres.










Malheureusement ils sont si nombreux qu’il faut éviter de marcher sur les jeunes endormis sur les rochers. Ils dégagent une odeur désagréable !
Retour au bateau à 19h.








1. 12 Mardi 21 février 2012 Port Lockroy –île de Pléneau
10 h visite de Port Lockroy








Port Lockroy








Départ de Port Lockroy à 11h. Descente vers le sud en contournant l’île Doumer par le nord pour entrer dans le chenal Peltier, le passage Bulter, le chenal Lemaire en bordure de la terre de Graham.









Dans cet amas d’icebergs, nous observons un phoque léopard et des phoques en repos sur les glaces.








Impossible de décrire la beauté des  paysages, plus magnifiques les uns que les autres. Les variations des rayons du soleil et cette visibilité extraordinaire transcendent  les couleurs de ces paysages de glace et de mer.








Le canal Lemaire appellé le canal "Kodak"








Le canal Lemaire appellé le canal "Kodak"








Puis nous traversons le cimetière des icebergs ou la Salpêtrière pour arriver à Pléneau.








Dans cet amas d’icebergs, nous observons un phoque léopard et des phoques en repos sur les glaces.








Mouillage à Pléneau vers 17 h








1. 13 Mercredi 22 février 2012 randonnée en annexe dans la Salpetrière
Vers 11h, nous quittons le mouillage de Pléneau en zodiac pour traverser la Salpetrière et pour débarquer près de port Charcot








Impossible d’avancer en annexe : La couche de glace est trop épaisse pour que les zodiacs puissent la casser.








Nous débarquons sur l’île Pléneau pour déjeuner et observer des manchots.








Des manchots








Traversée de la Salpetrière en zodiac.








En début d’après-midi, le soleil a fait fondre la glace et nous traversons le cimeterre des icebergs. Nous débarquons sur l’île Booth ou se trouve Port Charcot et le cairn de Charcot, lieu d'hivernage du navire Français de la Première expédition Charcot (1903-1905) de Jean-Baptiste Charcot. Seul reste un cairn qui a été construit par ce dernier.


Réparation du cairn de Charcot.
A port Charcot, Eric a entrepris de remettre en place le mât du cairn de Charcot. Nous escaladons la colline en haut de laquelle se trouve le monument. Nous avons emporté le matériel nécessaire (câble, pinces …. ). Le mât était tombé par terre, l’un des haubans ayant dû céder sous la puissance des vents pendant les tempêtes hivernales. Nous avons remis le mât dans son socle et réparer le haubanage. Il est émouvant de penser à ces aventuriers qui ont hiverné dans ces lieux. Il est important d’entretenir les monuments et les vestiges qui rappellent le passage de ces hommes hors du commun comme Charcot. Le cairn se trouve sur l’île Booth, au-dessus de port Charcot ou il a hiverné en 1908
Non loin de là, sur l’île Petermann, il existe un autre monument en hommage à l’hivernage d’une autre expédition de Charcot.



Un lien vers le blog de grand nord grand large















Cette navigation (2. 5 milles X 2) en annexe dans la Salpêtrière entre les icebergs qui ont des couleurs et des formes surprenantes est un grand moment.








Notre croisière: que du beau temps!!!!








1. 14 Jeudi 23 février 2012 Pléneau – base de Vernadsky
Départ de Pléneau vers 10h30
Observation de baleines à bosses.








15h débarquement sur l’île Petermann. Le voilier reste en stand-by dans la baie.








Nous montons jusqu’au monument de Charcot. Sur Cette île, lieu d’hivernage de  La seconde expédition Charcot, entre le 15 août 1908 et le 4 juin 1910, à bord du trois-mâts Pourquoi-Pas ? IV. Nous visitons l’abri polaire génola qui permet accueillir des naufragés
Navigation vers la base ukrainienne Vernadsky et arrivée vers 18h20. Nous atteignons le point le plus sud de notre croisière : coordonnées géographiques 65° 14, 935’ S et 064° 15, 192W.
21h Accueil chaleureux dans la base avec films créés par l’équipe et visite les locaux. Retour vers 0h30. Cette base est construite à côté de l’ancienne base britannique Faraday ou a été découvert le trou de la couche d’ozone. Les scientifiques enregistrent les températures, elles varient de -1° le jour à -3° la nuit.





1. 15 Vendredi 24 février 2012 Match de foot et sauna
Oui, vous avez bien lu le titre, des occupations surprenantes en Antarctique.
Le matin, les scientifiques de la base ont joué contre les équipiers de Vailhéré (4/4). Match très sympathique perdu 0/3.
L’après-midi séance de sauna mis à notre disposition par le chef de la base.



Notre mouillage








Le canal de Penola









1. 16 Samedi 25 février 2012 Escalade
Départ 10h30. Nous traversons le chenal de Penola. Le voilier reste en standby dans la baie de Waddington pendant que nous escaladons le cap Tuxen. Retour à Vernadsky.

1. 17 Dimanche 26 février 2012 standby
Nous restons à Vernadsky pour laisser passer une dépression avec des vents assez forts.




1. 18 Lundi 27 février 2012 Vernadsky – Enterprise
Lever de l’équipage 6h15. Du mauvais temps est prévu sur les fichiers grib. Nous devons remonter rapidement vers le nord pour nous mettre à l’abri Des chutes de neige réduisant la visibilité nous empêchent de partir. Nous attendons une éclaircie.





Vers 8h, le soleil apparait et nous partons avec des vues magnifiques éclairées par le soleil matinal.





Nous embouquons le canal Penola, ensuite le chenal Lemaire vers le nord, le passage Butler.
























Nous poursuivons par le canal de Gerlache. Dans l’après-midi, nous filmons des orques et des baleines à bosses avant d’arriver au mouillage d’Enterprise à 20h30.





Amarrage le long  de l’épave d’un baleinier norvégien échoué dans une baie de l’île Enterprise.





1. 19 Mardi 28 février 2012 Escale à Enterprise
En 1916, un feu s’est déclaré à bord et le bateau a été échoué afin d’évacuer hommes et marchandises. Le mouillage est bien protégé contre les vents forts qui soufflent la nuit et toute la journée.





1. 20 Mercredi 29 février 2012 attente à Enterprise
Pluie et neige. Nous restons à l’intérieur, sauf des excursions en annexe autour du mouillage.
Balade autour de l’île Enterprise en zodiac.

1. 21 Jeudi 1 mars 2012 première tentative
Eric étudie les fichiers grib pour la traversée du Drake. Les prévisions ne sont pas excellentes. Plusieurs dépressions sont prévues dans la semaine vers le 5 mars. Ce matin, nous avons du mauvais temps, il tombe de la neige et de la pluie avec un ciel couvert et gris.
Vers 10h, le voilier est préparé c'est-à-dire que les deux annexes sont rangées, l’une dégonflée, l’autre à l’envers sur le rouf. Tout est bien rangé et le pont est dégagé pour diminuer le fardage en cas de vents très violents et surtout ne rien perdre.
12h. Tout le monde s’habille, se prépare en se donnant rendez-vous chez Ramos.
16h. la GV est envoyée
17h. Nous naviguons par le travers de Melchior sans grand vent.
Je suis de quart entre 21h et 22h. Le vent monte progressivement pendant cette période.
22h je descends dans ma couchette. Peu de temps après, les moteurs sont arrêtés et la gîte bâbord disparait.
Eric, en conversation avec Boulard, a décidé de faire demi-tour et de revenir vers Melchior, les conditions météo devant se dégrader.


1. 22 Vendredi 2 mars 2012 redépart
Nous quittons le mouillage vers 17h30. Mon quart commence à 19h. Vers 19h30, un grain approche du Ne. Rapidement nous prenons un deuxième ris dans la GV. Le vent souffle à 25 30n. Je trouve que la mer grossit rapidement et nous sommes à l’abri des îles.. Eric décide de faire demi-tour. Le voilier file à 9N, vent portant. La nuit tombe et la neige se met à tomber. A l’approche de Melchior, la mer se calme comme le vent. Il reste une difficulté : entrer de de nuit dans le mouillage entre les îles sans amers lumineux, sans lune et sous la neige.
Guidés par Antoine et Serge en annexe à l’avant du voilier, Eric barre en suivant le cap que je lui fournis avec les indications du logiciel de navigation, du sondeur et du radar. Nous nous glissons dans le mouillage. Nous jetons l’ancre et mettons les amarres. Nous dinons vers 0h30.

1. 23 Samedi 3 mars 2012 fichiers grib et tarot.
Eric nous montre les images satellite et les fichiers grib. La traversée ne sera possible que dans quelques jours. Il n’est pas raisonnable de partir avec trop de vent. Une avarie de toute origine peut transformer la traversée en catastrophe ou drame. Il ne faut pas attendre d’aide, nous sommes trop loin des secours. Un navire mettra plusieurs jours pour arriver jusqu’à nous. Nous devons attendre des conditions  plus clémentes.
Les journées sont longues. Il pleut toute la journée.

1. 24 Dimanche 4 mars 2012 attente et tarot.

1. 25 Lundi 5 mars 2012 attente et tarot.

1. 26 Mardi 6 mars 2012 départ vers le Drake
Départ 7h. Moteur, mer plate et temps gris et couvert.
9h Nous hissons la GV à 1 ris et la trinquette. Nous prenons un cap 315° vers l’ouest avec un vent de 15N en prévision d’une bascule ouest et à cause d’un courant portant à l’E devant le Horn
Quart de 9h 12h. Vent de 15 N et pluie. Dans la soirée, le vent tourne nord et la trinquette est enroulée pour avancer au moteur.
Quart de 19h à 22h. il pleut. Dans la nuit le vent tourne NW et la trinquette est déroulée

1. 27 Mercredi 7 mars 2012 Navigation dans le Drake.
Quart 5h 9h. Toujours au moteur.
Eric a envoyé un mail au prévisionniste Bernot le 4 mars pour connaitre les prévisions. Ce dernier prévoit 30 35N pour demain soir.
Quart 15h 18h


1. 28 Jeudi 8 mars 2012 Navigation dans le Drake et arrivée sur le Horn.
Quart 1h 4h. Toujours un ris et la trinquette arisée. Pas de pluie. Nous avons le bonheur de voir la lune derrière l’étai. Beau spectacle de la mer éclairée par la lune, les vagues et leurs crêtes blanches se détachent sur la mer sombre.
À 10h le vent étant monté jusqu’à 30 35 N, nous prenons le troisième ris dans la grand’ voile. La mer devient forte
Quart 11h 14h. Pluie. Les vagues submergent l’avant du bateau et nous sommes arrosés par les embruns. Dans le cockpit, même de jour, nous avons une longe. A 13h30, plus personne ne reste dans le cockpit. Le cap du voilier a été modifié et nous naviguons au près à la vitesse de 9N.
Vers 16h, le vent est stabilisé.
Quart 21 24 h. Nous apercevons les deux phares du cap Horn vers 21h. Nous naviguons par le travers du Horn vers 22H.


1. 29 Vendredi 9 mars 2012. Direction finale Ushuaia.
Quart à 7h et arrivée à Williams vers 8h30.
Papiers en milieu de matinée.
Arrivée à Ushuaia vers 17h.
Diner chez Manu.
La remontée du Beagle a été rapide, certains équipiers prenant l’avion samedi matin

2. Débriefing. Le débrief de la croisière en Antarctique.

2. 30 Samedi 10 mars 2012. Ushuaia
Depuis notre arrivée, j’ai réservé une chambre dans un hôtel à Ushuaia pour faire la transition entre ma couchette à bord et un lit avec des draps. Hier soir, j’ai diné avec Eric, Claude et leurs filles dans un restaurant argentin.

2. 31 Dimanche 11 mars 2012 Vols aériens
Ushuaia 9 h du matin, le taxi m’emporte vers l’aéroport. En traversant la ville, j’aperçois le Beagle et ses montagnes. Je quitte cette région grandiose et l’Antarctique sans espoir d’y revenir. Contrée merveilleuse avec des panoramas admirables.. Maintenant dans l’avion qui me ramène sur Buenos Aires, je commence le récit.

2. 32 La beauté du continent Antarctique
Le samedi 18 février en fin d’après-midi, après la traversée du Drake, Antoine nous prévient que nous sommes arrivés.
Arrivés ou ? En Antarctique !!!
Dehors, le soleil est revenu et nous commençons à découvrir les splendeurs de ce  continent: des falaises glissent des glaciers d’une beauté austère ; les cotes escarpées sont recouvertes par des kilomètres de glace et de neige, une mer comme un miroir aux nuances bleutées infinies, sur laquelle défilent les  icebergs d’albâtre vers leur lente disparition par liquéfaction.
L’Antarctique n’est pas un endroit facile à atteindre, mais une chose est sûre. Une fois que vous avez atteint cette destination mystique, vous êtes envahi par des vues qui resteront gravés dans votre mémoire. Glaciers blancs chauds et eaux bleues brillantes ; deux couleurs qui ont une juxtaposition froide entre elles pourtant elles se mélangent l’une dans  l’autre avec l’harmonie étonnante. Le brillant du blanc de la glace brille contre les eaux azurées profondes.
En navigation, la faune est omni présente : Vous ne restez pas une minute sans voir une ‘bête’.
Le voilier croise une bande de manchots qui nagent en bondissant hors de l’eau pour prendre leur respiration. Ils ressemblent à des nageurs de brasse coulée.
Plus loin, vous apercevez une famille de baleines à bosses. Leur souffle en forme de chou-fleur peut atteindre 3 mètres, leur  nageoire caudale sort de la mer  quand elle plonge à votre approche.
Nous avons vu des orques : dos noir et aileron noir, faciles à repérer, l’épaulard ou la baleine tueuse.
En approchant des rivages, des otaries dorment sur les rochers et se dressent sur leurs pattes à notre approche, les phoques y vivent en bande.
Sur un iceberg plat dérivant dans le chenal, les léopards des mers sont à l’affut d’un casse-croute.
En débarquant, des colonies de manchots soit papous soit à jugulaire piaillent, pépient, jacassent à qui mieux mieux  et se déplacent entre leur petits et la mer. Leurs allers et venues creusent des autoroutes, des chemins encaissés sur la glace
Nulle part ailleurs il est possible de voir d'aussi près et de côtoyer en telle abondance des manchots, des phoques, des éléphants de mer et des otaries, sans parler de la profusion de dauphins, de baleines et d'oiseaux marins qui peuplent cette contrée. Ce contact si facile est privilégié, l’homme n’étant pas perçu comme un prédateur. Ici les vrais viennent de la mer ou des airs, les skuas, les orques, les léopards des mers
L’avion décolle d’Ushuaia. La merveilleuse aventure est finie. Je jette un dernier coup d’œil sur le chenal du Beagle. L’avion prend de l’attitude Quelle chance d’avoir eu  un temps ensoleillé !

2. 33 Le froid
Dans le Drake, la température de l’eau est de 6° environ avant le cercle de convergence et 2° après. En préparant mes affaires avant le départ, j’ai mal évalué ces températures. Mon équipement contre le froid a été insuffisant.
Les pieds. Les bottes en caoutchouc non rembourrées ne m’ont pas protégé du froid. J’en ai souffert à chaque fois que j’étais sur le pont ou en annexe.
Un équipier a eu des bottes faites pour cette région et en a été très satisfait. Les bottes MUCK Le lien
Pour les mains idem, j’ai emporté des gants en laine non imperméables. Ils sont restés humides très souvent. J’ai eu les mains glacées pendant chaque sortie ou pendant les quarts (en particulier la nuit). Il faut des bons gants de ski imperméables.
La tête. Pas de problème, ma cagoule m’a bien protégé.
Le corps. J’ai enfilé souvent 5 couches sous mon ciré (un sous vêtement polaire, une chemise, un sous pull, un pull en laine et une veste polaire. De quart de nuit, dans le Drake, il fait très froid au bout d’une heure.

2. 34 Itaac
L’Antarctique est protégée par des accords mondiaux et Eric est Skipper membre de l'IAATO (www.iaato.org), une association qui s'impose des règles d'éthique strictes.

2. 35 Annexe
A tous les mouillages, nous avons débarqué avec deux zodiacs  pour naviguer entre les iles et les icebergs : parfait pour visiter les sites touristique seulement à 12 personnes. Aventure exceptionnelle. Pas de foule, pas de file d’attente, pas de touristes bruyants et pressés. Tous les jours, nous débarquons pour parcourir un lieu, visiter une colonie de manchots, traverser une zone d’icebergs à la Salpêtrière ou gravir les pentes des montagnes.
L’avion va bientôt faire sa descente sur Buenos  Aires.
Changement d’aéroport et embarquement vers 22h30.
Lundi 12 mars 2012 Arrivée à Paris

Ces 5 semaines sont le voyage le plus mémorable de ma vie.

Page mise à jour le 13 juin 2012
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